Le polar est à la littérature ce que le rock'n roll est à la musique, ce n'est pas seulement un genre, c'est un état d'esprit.

samedi 4 février 2012

Falling Stars - Etoiles filantes


Qu’est-ce qui excite plus les foules qu’une star qui monte ?
Une star qui choit.

J’ai toujours éprouvé une immense compassion pour les gens qui tombaient et qui ne parvenaient pas à se relever parce que tout le monde leur tapait dessus. Des gens qui étaient parvenus, à force de travail et d’ambitions, à grimper en haut de l’échelle, puis quelque part en route, ils avaient trébuché et s’étaient ramassés. Par déduction, vous imaginez ce que je pense de tous ceux qui, en bas de l’échelle, les ont admirés pendant des années, les ont copiés, chéris, défendus, et qui, alors que les ongles de ces idoles crissent sur les barreaux de l’échelle, se contentent non seulement de les regarder chuter, mais en éprouvent en plus un certain plaisir.

J’étais partie pour écrire un article sur l’une d’elles, Lindsay Lohan, dont la prestation dans certains films m’avait bluffée et à qui je présageais une longue carrière, avant que la drogue et les scandales entrent dans sa vie et gomment ses nombreuses années de succès pour la transformer en plat de résistance pour magazines people.

J’étais donc partie pour me lancer sur le destin de ces étoiles filantes en assurant que si je parvenais un jour à l’un de mes grands rêves, la réalisation cinématographique, j’engagerais des gens comme ça, des gens qui avaient goûté à la défaite, avait senti l’odeur infecte de la trahison, le froid glacial de la solitude, des gens qu’on avait traînés dans la boue, lynchés, craché dessus, puis laissés pour mort. Je les préférerais sans aucun doute aux petits bourges bien propres et bien nés, à la vie extra-lisse, parce que je saurais que la lueur de dépit dans leurs yeux serait celle de l’expérience, et non de la simulation.

C’est alors qu’en me rendant sur le blog de mon mentor, Kurt Sutter, je suis tombée sur un de ses articles qui titrait, je vous le donne en mille : « lettre ouverte à Lindsay Lohan ». Vraiment ?
Je l’ai lue.
Et relue.
Et j’ai pensé que je pourrais difficilement faire –ou dire- mieux.
 
Elle est un peu longue, pas forcément poétique (eh, on parle de Mr « f*ck them all » Kutter), mais tellement honnête. Le genre de lettre qui me ferait plaisir si jamais un jour –j’espère bien que ça n’arrivera jamais- je tombais dans un tel état, le genre même qui me donnerait envie d’émerger la tête des marais épais sous lesquels je croupissais.

J'ai aimé cette lettre.
Et j'ai eu envie de la partager avec vous.
La voici :

"Chère Lindsay,



Je ne te connais pas. Je n’ai aucune idée de ce qu’est ta vie. Ton enfance, ta carrière, tes relations, ton supposé « disfonctionnement » - je ne connais pas la vérité. Tout ce que je sais, je l’ai appris par les médias. La grande majorité de ces médias sont d’ignobles connards qui s’empiffrent des indiscrétions et profitent de la vulnérabilité des célébrités. Si je pouvais leur couper leur putain de tête et ne pas être incarcéré, je serais déjà en train d’aiguiser la lame. J’ai une immense compassion  pour ton sort. L’implacable exposé de ce qu’est devenue ta vie est inconcevable. Les lecteurs de ces merdes n’ont aucune idée de la profondeur de ton combat.   

En nageant à travers la fiction médiatique, j’ai tenté de trouver la vérité derrière la rumeur. C’est ce que je vois : une jeune fille qui a peut-être perdu de vue son don et le sens de celui-ci. Tu es une fille très talentueuse. Enfant, tu affichais déjà une compétence que peu de gens parviennent à acquérir en une vie. Ce n’est pas étonnant qu’on ait essayé d’exploiter cette opportunité. Tu brillais, tu étais/es une star. Je ne suis pas sûr de ce qu’il s’est passé. Peut-être que tu n’as jamais eu l’opportunité d’être un enfant (elle a commencé à 3 ans). Le paysage hollywoodien est jonché d’ex-enfants star qui se sont ramassés et ont brûlé. Je sais, c’est pourquoi Katey et moi avons une règle implacable : aucun de nos enfants ne travaillera professionnellement avant d’avoir terminé le lycée. Les enfants ont besoin du monde réel pour créer de réelles perspectives. Tu as besoin de vie pour développer des compétences de vie.

Si tu lis ça, peut-être est-ce où tu t’arrêteras. La vérité est que le passé n’a pas d’importance. Aujourd’hui, tu es une adulte. Et  l’âge adulte vient non seulement les responsabilités de ta vie personnelle, mais également celles de ta carrière. Le talent est très rare. On est payé beaucoup d’argent pour partager ce don. Parfois on perd la perspective, je sais que ça m’arrive. Je deviens avare de mon don, et je me recroqueville sur moi-même et j’ai l’impression que tout le monde essaie de me l’arracher. Je deviens furieux et insatisfait. J’ai juste envie qu’ils me foutent la paix. Généralement ça signifie que j’ai besoin de sommeil et de partager le bruit dans ma tête avec des gens comme moi. Généralement, une fois que ma tête est claire, je sens la gratitude me baigner. Je crois que c’est Warren Beatty qui a dit que le succès c’est quand on est payé beaucoup d’argent pour quelque chose qu’on ferait gracieusement. C’est ce que je ressens. J’imagine qu’il y a une partie de toi qui ressent la même chose. Qu’au moment où tu es connecté sur scène avec un autre acteur, tu ressens une joie indescriptible dans ton cœur. Ça s’appelle être une artiste et avec ça vient les responsabilités.

Même si ça n’en a pas l’air maintenant, mais le temps que tu vas passer en prison est une bénédiction. C’est une preuve concrète que tu es membre d’une vraie communauté, de quelque chose de plus grand que cette putain de bulle hollywoodienne dans laquelle tu vies. Tu as une chance d’utiliser ce temps pour réfléchir et grandir. Quand je vois que toi ou des membres de ton « équipe » vendent les droits télévisuels pré- et post- prison, je crains que tu perdes de vue l’opportunité qui s’offre à toi.

Si tu as effectivement une relation compulsive avec la drogue et l’alcool, c’est le moment d’y remédier. C’est le moment de regarder le potentiel de la vie magnifique qui te tend les bras. Il y a une chose que je sais pour sûr. Je te promets que c’est la vérité – si tu continues dans cette direction, si tu n’expériences pas une sorte de revirement psychique, si tu ne creuses pas pour chercher l’humilité, tu vas mourir. Rapidement. Ça sonne peut-être dramatique et comme un mauvais PSA, mais malheureusement, c’est la vérité, chérie. Tu mourras avant 30 ans. Et ce sera moche et sordide, et ça renflouera les poches des thuriféraires qui  te pestent.

Je vois Robert Downey, dont beaucoup pensaient qu’il ne sortirait jamais de la fissure sans fond dans laquelle il était tombé. Son incarcération a été le déclic qui lui a permis de trouver son humilité. Comme toi, son talent était énorme et quand il est revenu pour jouer, propre, sobre, reconnaissant, on lui a ouvert les bras et donner une seconde chance. Sa star n’a pas cessé de monter depuis.

J’ai conscience que ce post s’est transformé en pamphlet et je te prie de m’en excuser. Je suis sûre que je vais me faire lyncher par la blogosphere pour mon arrogance. Mais Lindsay, dis-toi que je te parle par expérience. Je suis toujours franc sur ma propre sobriété. ne pas utiliser de drogue ni d’alcool un jour à la fois est la seule putain de chose parfaite que j’ai faite ces 18 dernières années. Chaque bonne chose dans ma vie ---laisse moi répéter --- chaque bonne chose dans ma vie est le résultat d’un programme progressif de récupération.

Je souhaite que tu ailles mieux. Je te souhaite la vie.

Sincèrement"

The article in english: http://sutterink.blogspot.com/2011/11/open-letter-to-lindsay-lohan-resent.html
(PS: pardonnez les erreurs possibles de ma traduction)

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