Le polar est à la littérature ce que le rock'n roll est à la musique, ce n'est pas seulement un genre, c'est un état d'esprit.

dimanche 8 septembre 2013

L’art de créer des personnages secondaires

On ne dira jamais assez l’importance des personnages secondaires dans une histoire et Hollywood l’a bien compris. Parfois ils se retrouvent à piquer la vedette au personnage principal.  En effet, contrairement à ce dernier dont les auteurs se voient contraints d’imposer des barrières (ni trop moche, ni  trop méchant, ni trop déjanté – même s’ils ont un peu de tout ça, c’est rarement poussé à l’extrême), les personnages secondaires, eux, sont des free ride pour l’imagination, et les auteurs s’en donnent à cœur joie. Souvent torturés, complexes, voire immoraux, ils sont la plupart du temps introduits comme les méchants et pourtant ils sont le rythme même de l’histoire, ceux qui provoquent les remous, en quelque sorte : l’élément déclencheur. Sans eux, le personnage principal n’aurait pas de raison d’être.  

Voici une partie de ma liste des tops seconds rôles :

Saul Goodman, l’avocat véreux de Breaking Bad.






Pam, sorte de Veronica Lake version vampire à l’œil fatal et au verbe railleur, dans True Bloods. Ajoutons-y la déjantée reine des vampires, Sophie-Anne Leclerq.   





Gemma, la mère incontrôlable de Jax, qui malgré son âge, la soixantaine explosive, s’accroche de toutes ses griffes au train de vie sex & rock'n roll de son club de motards.




T-bag (prison break) leader d’un groupe suprématiste blanc, supposément pédophile voire nécrophile au dossier aussi long qu’une chanson d’Akhenaton (c’est un compliment).  Les auteurs jouent sur le "supposément" de ses actions pour nous donner la possibilité de l'apprécier. (allez d’ailleurs à l’occasion consulter son profil dans Wikipedia, bon exemple de la complexité de ce genre de personnages)



Alice, la psychopathe dans "Luther", après avoir tenté sans succès de la faire inculper du meurtre de ses parents (qu'elle reconnaît), elle devient sa meilleure alliée.



"Game of throne" a un nombre impressionnant de personnages secondaires intéressants : 'Littlefinger', le "pimp" manipulateur et étonnamment cultivé, Lord Varys, l'eunuque qui sait tout grâce à ses "little birds", Khal Drogo, sauvage bâti comme un Dieu, qui « viole » la petite blonde qu’on lui a offert en trophée, et dont pourtant on finit par se passionner quand tous les deux tomberont follement amoureux quelques épisodes plus tard (quand même, faut oser !). Un autre personnage – peu charismatique celui-ci- m'a interpellé dans la série : un homme qui couche avec ses filles, les engrosse, et tue systématiquement les mâles, aussi est-il entouré d’une centaine de femmes qui sont toutes ses filles (et ses femmes de fait). Dans ce cas, un personnage lugubre et détestable, mais original...



Kurt Sutter est très doué pour les personnages secondaires, même pour ses guests stars. Dans "Sons of Anarchy", il introduit Stephen King en obscur « nettoyeur », David Hasselhof en vieille porno star sur le retour ou encore Walton Goggins, Shane dans "The Shields", en travelo déjanté.  

Parmi les personnages secondaires très méchants : Victoria dans "Revenge", qu’on adore détester (tellement plus intéressante qu’Emilie, le personnage principal, qu’on a parfois envie que ce soit elle qui lui botte les fesses ).
Et que dire de la machiavélique reine Cersei dans Games of Throne, dont les enfants sont de son propre frère…

Et pour terminer, je n’ai vu qu’un seul épisode de Ray Donovan, nouvelle série choc, mais pour moi c’est l’exemple type d’un brossage au peigne fin des personnages et de leur introduction dans l’histoire… et je pense que Mickey Donovan, joué par Jon Voigt, ne tardera pas à grimper les échelons pour parvenir au top de cette liste… dans l’épisode pilote, il sort de prison après 25 ans d'emprisonnement, bute un prêtre, s’envoie des rails de coke en entraînant son jeune fils qui était enfin « clean », découvre un fils  caché (afro américain) puis méprise l'interdiction de Ray, son autre fils, en s'introduisant chez lui pour rencontrer ses petits enfants. Son regard dans la dernière scène quand il les prend dans ses bras... un seul regard qui annonce tous les maux qui nous attendent...